Les troubles du comportement alimentaire

Les troubles du comportement alimentaire

 

Les troubles du comportement alimentaire sont un terme que l’on réserve à des regroupements de symptômes précis appelés : anorexie mentale restrictive ou avec boulimie/vomissements, boulimie, hyperphagie boulimique.

 

Les critères varient selon la classification choisie mais l’on retiendra :

 

- que l’anorexie mentale est définie par un indice de masse corporelle inférieur à 17,5 (poids/taille²) , avec un refus de maintenir un poids normal et une absence de règles (amenorrhée, de plus en plus rare avec l’usage des pilules contraceptives)

 

- qu’il existe deux types d’anorexie mentale : restrictive pure, c’est à dire avec des apports alimentaires faibles ou avec des crises de boulimie et des stratégies pour contrôler le poids après les crises.

 

- que la boulimie est définie par des crises survenant plus de 2 fois par semaine avec un poids normal, acquis par des stratégies de contrôle du poids souvent dangereuses.

 

- que l’hyperphagie boulimique est définie par la présence de crises de boulimie sans contrôle du poids, avec surpoids ou obésité.

 

En réalité, il existe de nombreux désordres alimentaires qui ne rentrent pas exactement dans ces définitions et qui pourtant font souffrir des personnes. On les appelle les troubles du comportement alimentaire non spécifiques ou EDNOS (eating disorders non otherwise specified).

 

On a également remarqué en suivant le parcours de personnes souffrant d’un trouble alimentaire qu’au cours d’une vie, elles peuvent développer plusieurs troubles: obésité puis régimes restrictifs avec périodes d’anorexie mentale puis apparition de crises de boulimie sans vomissements puis vomissements, etc...

 

Il semble de plus en plus pertinent de considérer qu’il y a trouble psychique lorsque la personne est envahie par des pensées autour du poids et de l’alimentation, que sa vie sociale est altérée en rapport direct avec un refus de se nourrir normalement. Ces critères peuvent se retrouver alors chez un plus grand nombre de personnes.

 

Certains psychiatres rapprochent les troubles alimentaires des addictions et c’est mon point de vue. Il s'agit de comportements maintenus malgré les conséquences néfastes de ce comportement. Or l’on sait comme des personnes boulimiques se trouvent surendettées à cause de leurs crises et continuent malgré tout, ou comme des personnes souffrant d’anorexie grave continuent à se restreindre malgré le risque de décès qu’elles encourent et cela sans être suicidaires.

 

Les réactions de l’entourage sont souvent les mêmes que celles de personnes alcooliques ou toxicomanes : elles ne comprennent pas le maintien de cette conduite, essaient d’argumenter jusqu’au conflit sur l’absurdité du comportement, excluent souvent la personne en souffrance. Une des étapes importante d’une thérapie vise donc à permettre à l’entourage d’accepter le caractère « addictif » du trouble alimentaire et la nécessité de vivre encore avec le trouble car la voie vers le changement peut être lente....vouloir qu’une anorexique remange et reprenne du poids en 1 jour , c’est comme essayer de faire sevrer un fumeur du jour au lendemain !

 

Les troubles alimentaires touchent principalement les jeunes filles et les femmes (9 fois sur 10). La cause précise de cette répartition n’est pas définie même si le rôle du modèle de minceur féminin semble être essentiel. Toutefois de plus en plus de garçons sont touchés, mais il sont souvent plus réticents à consulter. Par ailleurs, il n’ont pas les mêmes préoccupations que les filles : la phobie du gras sur le corps est prédominante avec une volonté d’être musclé.

 

L’âge de début de l’anorexie peut être très précoce (ex 8 ans). On parle alors d’anorexie prépubère. Elle reste rare. C’est surtout au début de l’adolescence que les troubles débutent.  Ils peuvent durer toute la vie, ou alors se résoudre seuls ou avec une thérapie. Dans 10% des cas environ, l’anorexie conduit à la mort. C’est pourquoi il ne faut pas prendre ces troubles à la légère et amener la personne à consulter rapidement. La plus grande difficulté pour l’entourage et les soignants, c’est souvent de faire accepter à la personne qui souffre d’anorexie ou de boulimie de se soigner. C’est d’ailleurs plus souvent les jeunes femmes les plus en danger, anorexiques très maigres, qui refusent d’admettre qu’elles risquent leur vie sans l’aide de personnes extérieures.

 

Les risques des troubles alimentaires sont :

 

- Les problèmes liés au potassium (qui diminue lors des vomissements ou si il y a une prise de laxatifs) : l’arrêt cardiaque survient parfois sans prévenir (morts subites).

 

- Les problèmes liés à l’amaigrissement : atteinte du foie, baisse dramatique du rythme cardiaque, épuisement, baisses de tension avec malaises, ostéoporose avec fractures spontanées, etc...

 

- Les problèmes dentaires liés aux vomissement ou à la dénutrition, les saignements digestifs...

 

- Et bien sur les problèmes psychiques tels que la dépression liée parfois à la dénutrition et qui peut s’améliorer lorsque la personne reprend du poids. Les tentatives de suicide ne sont pas rares et le suicide est une cause importante de décès.

 

Ainsi l’on voit que ces troubles sont variés, avec un continuum entre les différents symptômes. Qu’ils peuvent avoir des conséquences physiques et psychiques graves et qu’il n’est pas facile de s’en sortir, même avec une bonne motivation car ils ont, aussi incroyable que cela puisse paraître, des bénéfices pour les personnes qui en souffrent.

Il faut donc leur apprendre à vivre autrement sans ces symptômes et cela peut être long une fois les critères d’urgence vitale écartés.